Pour bien aimer un pays il faut le manger, le boire et l’entendre chanter
-Michel Déon
Les amis sont tout ce qu’il faut
Ce qui est tu à la première génération, la seconde le porte dans son corps
–Françoise Dolto
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Anne ANCELIN, (auteur du livre » Aïe mes aïeux « ) a crée la psychogénéalogie et a utilisé la génosociogramme comme outil pour mieux comprendre notre plan de vie.
Un arbre généalogique établi sur 4 générations qui renseigne les prénoms, noms, naissance, mariage, maladie, accidents, profession, déménagements, phénomènes migratoires.
A la lecture de cet arbre on décèle mieux les liens inconscients qui nous mobilisent dans nos choix professionnels et personnels.
Il s’agit de notre héritage inconscient transgénérationnel.
Grâce à cet arbre de vie on repère les attentes portées sur vous, les alliances, les non-dits, les légendes familiales, les répétitions, les date anniversaire de » fragilisation « , les traumatismes, les échecs, les névroses de classe, les loyautés familiales invisibles aux ancêtres, les dettes, les injustices, les hontes, les réparations…
« … Par une présentation graphique, il met en évidence l’ensemble de la famille sur cinq ou six générations, avec les liens affectifs majeurs. Ce travail de mémoire se fait d’abord en interrogeant la famille, puis en utilisant les méthodes habituelles d’investigation de la généalogie telles que les recherches dans les registres des mairies, ou une enquête dans la région d’origine… »
Extrait de l’article » Guérir les blessures familiales « , Psychologies Magazine, Juin 2007.
Cette outil thérapeutique souligne les liens affectifs importants, tant positifs que négatifs, et met en relief les transmissions utiles aux personnes qui sont en recherche de leur identité. Il est réparateur et libérateur. Il aide à comprendre et à donner un sens à son histoire personnelle. Il donne la permission de vivre autrement sa vie.
Au lieu d’être piégé dans un rôle « nous avons à nous inventer et chacun devient l’artiste de ce qu’il a reçu »,
F. Dolto.
Sans qu’ils le veuillent, sans qu’ils le sachent, et bien malgré nous, nos parents, nos grands-parents, nos aïeux nous laissent en héritage leurs deuils non faits, leurs traumatismes non » digérés « , leurs secrets. Or, si les choses ne sont pas dites, le corps, lui, peut parfois les exprimer : c’est la somatisation. Le corps de l’enfant, du petit-enfant, de l’arrière-petit-enfant, quel que soit son âge, devient alors le langage de l’ancêtre blessé
Parfois, nous commettons l’erreur de penser que notre histoire a commencé lorsque nous avons émis nos premiers pleurs.
Mais c’est faux car nous sommes le fruit de l’union entre un ovule et un spermatozoïde, mais également le produit de désirs, de fantasmes, de craintes et de toute une constellation d’émotions et de perceptions, qui se sont mélangées pour donner lieu à une nouvelle vie.
On parle aujourd’hui du concept de « roman familial ». Dès qu’une personne naît, elle commence à écrire une histoire avec ses actes.
Si on observe les histoires de chacun des membres de la famille, on trouve des coïncidences essentielles et des axes communs. Il semblerait que chaque individu soit un chapitre d’une histoire plus grande, qui s’est écrit tout au long des générations.
Cette situation a été magnifiquement racontée dans le livre Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez, qui montre comment, à travers les différentes générations, la même crainte se répète, jusqu’à ce qu’elle devienne réalité et qu’elle concerne toute une descendance.
Ce que l’on hérite particulièrement des générations précédentes sont les cauchemars, les traumatismes, les expériences non abouties.
Le processus de transmission transgénérationnel est inconscient. En général, il s’agit de situations cachées ou confuses, qui provoquent de la honte ou de la peur. Les descendant-e-s des personnes qui ont souffert de traumatisme non traité portent le poids de ce manque de résolution du problème. Ils ressentent ou pressentent la présence de cette chose bizarre, qui gravite comme un poids, mais qui ne peut pas être défini.
Une arrière-grand-mère abusée sexuellement, par exemple, peut transmettre les effets de son traumatisme mais pas son contenu. Peut-être que ses enfants, ses petits-enfants et ses arrières-petits-enfants ressentent l’écho d’une certaine intolérance vis à vis de la sexualité, ou une méfiance viscérale face aux membres du sexe opposé, ou une sensation de désespoir qui ne cesse jamais.
Cet héritage émotionnel peut aussi se manifester comme une maladie. La psycho-analyste française Françoise Dolto a affirmé la chose suivante : « Ce qui est tu à la première génération, la seconde le porte dans son corps ».
Tout comme il existe un « inconscient collectif », il est évident qu’il y a un « inconscient familial ». Dans cet inconscient, résident toutes ces expériences passées sous silence, qui d’une manière ou d’une autre ont été tues car elles constituaient un tabou : suicides, avortements, maladies mentales, assassinats, faillites, abus etc. Le traumatisme a tendance à se répéter dans la seconde génération, jusqu’à ce qu’il trouve une voie pour en prendre conscience du problème et le résoudre.
Les mal êtres physiques ou émotionnels, qui semblent n’avoir aucune explication, peuvent être « un appel » pour prendre conscience de ces secrets, ou de ces vérités silencieuses, qui ne se trouvent pas dans la vie de la personne, mais dans celle de l’un de ses ancêtres.
Il est naturel que, face à des expériences traumatisantes, les gens réagissent en essayant d’oublier. Peut-être que le souvenir est trop douloureux et qu’ils pensent qu’ils ne seront pas capables de souffrir pour ensuite oublier. Ou peut-être que la situation compromet la dignité propre, comme dans le cas des abus sexuels : au lieu de se concevoir comme une victime, on ressent de la honte. Ou tout simplement, on veut éviter le jugement des autres. C’est pour cela que le fait est enterré et on considère qu’il ne faut plus en parler.
Ce type d’oubli est artificiel. En réalité, on n’oublie pas, mais on réprime le souvenir. De même, ce qui est réprimé, est tourné et retourné dans tous les sens. C’est une répétition réprimée sans fin.
Cela signifie qu’une famille qui a vécu le suicide de l’un de ses membres, le revivra probablement dans une autre génération. Si à un moment donné, la situation n’a pas été creusée et digérée, il reste un fantôme flottant dans l’air, qui réapparaîtra tôt ou tard. C’est ce qui arrive avec tous les types de traumatismes.
Chacun d’entre nous a beaucoup à apprendre de ses ancêtres. L’héritage qu’ils nous ont légué est plus grand que ce que nous pensons. Parfois, nos ancêtres nous font mal mais nous ne savons pas pourquoi.
Peut-être qu’il est notable que vous veniez d’une famille qui est caractérisée par de nombreux problèmes mais vous ne savez peut-être pas quel est votre rôle dans cette histoire dont vous représentez un chapitre. Il est probable que ce rôle vous ait été assigné sans que vous vous en rendiez compte : vous devez perpétuer, répéter, sauver, refuser ou recouvrir les traces de ces faits, devenus des secrets.
Toute l’information que l’on peut récolter concernant nos ancêtres est l’héritage que nous portons en nous. Savoir d’où nous venons, qui sont ces personnes que nous ne connaissons pas mais qui se trouvent dans notre arbre généalogique. C’est un chemin fascinant qui est simple à trouver. Dès lors que nous le commençons, nous faisons un pas important pour arriver à une compréhension profonde de notre véritable rôle dans le monde.
Jour après jour, un peu plus loin, un peu plus fort
source https://g.co/kgs/FXquWe
– On risque de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser…
-On ne connaît que les choses qu’on apprivoise.
-Les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le coeur.
-Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent.
-Tu es responsable de ce que tu as apprivoisé.
-C’est tellement mystérieux, le pays des larmes.
-De Antoine de Saint-Exupéry / Le Petit Prince